Dans une confession poignante au New York Times, Hank Azaria, la voix légendaire de nombreux personnages des Simpson, exprime une angoisse grandissante face à l’intelligence artificielle. Après 36 ans à donner vie à plus de 100 personnages, l’acteur voit dans cette technologie une menace directe pour son art et sa carrière.
L’inquiétude d’un artiste face à la révolution numérique
« Je peux imaginer que bientôt, l’intelligence artificielle sera capable de recréer les sons des plus de 100 voix que j’ai créées », confie Azaria. Cette perspective le touche particulièrement car chacune de ses voix représente des décennies de travail minutieux et d’investissement émotionnel.
Le cas de Moe, le barman grincheux des Simpson, illustre parfaitement cette richesse : « J’ai fait rire Moe de dizaines de façons différentes. J’ai probablement soupiré en tant que Moe une centaine de fois », explique l’acteur. Ces variations constituent une base de données idéale pour l’apprentissage machine.
Au-delà de la simple imitation vocale
Pour Azaria, la voix n’est que la partie émergée de l’iceberg dans le doublage. « Une idée fausse sur le doublage est qu’il ne faut qu’une voix. Mais nos corps et nos âmes sont impliqués pour obtenir la crédibilité nécessaire », souligne-t-il.
Un héritage artistique menacé
En plus de Moe, Azaria a donné vie à des personnages emblématiques comme le Chef Wiggum et Comic Book Guy. Cette diversité de performances, accumulée sur près de quatre décennies, représente un patrimoine artistique unique que l’acteur craint de voir dénaturé par l’IA.
L’éthique en question
« Cela me semble tout simplement inapproprié de voler ma voix ou mon image – ou celle de n’importe qui d’autre », affirme l’acteur. Cette réflexion soulève des questions éthiques fondamentales sur la propriété intellectuelle à l’ère numérique.
Un espoir persistant
Malgré ses craintes, Azaria garde un optimisme mesuré : « J’aime à penser que peu importe à quel point une version IA de Moe, Snake ou Chef Wiggum sonnera comme ma voix, il manquera toujours quelque chose – l’humanité. »
L’évolution d’un métier face aux nouvelles technologies
Cette situation s’inscrit dans un contexte plus large de transformation du métier d’acteur de doublage. En 2020, Azaria avait déjà fait preuve d’adaptation en abandonnant le rôle d’Apu face aux critiques sur les stéréotypes raciaux.
La menace de l’IA représente un nouveau défi pour les acteurs de doublage, forçant la profession à repenser son avenir et la protection de son art. « C’est mon travail. C’est ce que j’aime faire », conclut Azaria, résumant l’enjeu personnel et professionnel de cette évolution technologique.